Chère femme de mili,
On me pose souvent la question « comment peut-on être heureuse avec un conjoint mili très souvent absent ? ».
La clé du bonheur dans cette vie avec l’armée, pour moi, réside dans cette phrase : mon bonheur dépend de moi, et non de la présence de l’autre. Trouver de la joie et du bonheur dans mon quotidien, que mon mili soit présent ou absent est un apprentissage qui n’est pas toujours facile, je te l’accorde.
Mais je ne peux pas miser l’entièreté de mon bonheur en fonction de sa présence, sinon je serais bien majoritairement malheureuse certaines années (bonjour les années où s’enchaînent prépa opex, opex, sentinelle, stages et manœuvres !)
Voici 5 pistes qui marchent bien pour moi, pour être actrice de mon bonheur dans ma vie de femme de mili :
- Je fais le choix de faire dépendre mon bonheur de moi-même, et non de la présence de mon conjoint. Un acte conscient, qui me redonne la main sur ma vie : je suis responsable de mon bonheur.
- J’organise des moments de « petits shoots de bonheur » régulièrement pendant les absences (et même quand il est présent d’ailleurs, pas question de s’oublier !). Rien que de les planifier en avance m’apporte de la joie par anticipation. Je réfléchis aux choses qui me rendent heureuse et je me fixe des petits rendez-vous : personnellement, j’aime les activités manuelles, prendre un café avec une amie, bouquiner, regarder un bon film, prendre un bain en écoutant des podcasts, travailler dans un café, aller au spa, acheter un sac Chanel avec la prime d’opex (non, malheureusement) etc.
- Je me sens triste, déprimée, abattue à la fin d’une journée car l’absence devient pesante ? J’écris le soir tous les petits moments de bonheur ou de plaisir de ma journée, même les plus simples : un bout de ciel bleu, un mot sympa d’une amie, un retour satisfait d’une cliente, mes enfants qui me font des cœurs avec les doigts en partant à l’école, 5 minutes de tranquillité avec mon café un mercredi, la joie de rentrer chez moi (et d’enlever mes talons et mes collants)… des petits riens de bonheur, qui font pourtant la saveur de l’existence ! Une journée est rarement entièrement noire, il y a toujours des rayons de soleil. Encore faut-il apprendre à les voir.

- J’essaie de donner un peu de moi-même ou de mon temps pour la communauté des femmes de militaires : ça m’apporte une vraie joie et me permet de me décentrer de mon nombril. Ce sont souvent des petits gestes (on fait ce qu’on peut !) : envoyer un message à une amie en galère, inviter une copine seule le dimanche à venir déjeuner, proposer à ma voisine de lui faire une course en allant au supermarché, publier un dessin humoristique sur mes réseaux sociaux … rien d’extraordinaire, mais j’ai le sentiment d’être utile et de transformer ce temps sans mon conjoint en quelque chose de positif, et cela me rend heureuse.
- Je choisis de renouveler régulièrement la promesse que j’ai faite à mon militaire : « je te choisis toi et les contraintes qui vont avec ». (Sauf la popote). Il y a clairement des contraintes et des sacrifices plus durs à avaler que d’autres : certaines mutations, certains choix de vie, des absences à des moments difficiles… Choisir de redire oui ne change pas la contrainte, mais me permet de changer mon état d’esprit : je suis libre de faire un choix, je décide d’en tirer le meilleur. J’ai pris conscience que cette vie avec l’Armée dépasse ma propre existence. Il y a quelque chose de fort, de noble à aimer un homme qui s’engage pour son pays, et j’ai le sentiment de contribuer à cet engagement par le soutien et souvent par les sacrifices que je peux faire pour lui permettre de servir la France. Et j’éprouve une vraie joie de me donner pour une cause plus grande que moi.(Sauf quand la chaudière tombe en panne. Ou la machine à laver. Ou quand les enfants ont la gastro. Là, mon patriotisme et ma version en héroïne de Racine se font la malle.)
Il n’y a rien de magique dans ces clefs (peut-être que cela ne marchera pas pour toi d’ailleurs !) : il y aura toujours des journées difficiles, compliquées, tristes et grises, dans lesquelles il ne sera vraiment pas évident de voir le positif. Il y aura toujours la tristesse, la solitude, la fatigue, la colère et l’amertume parfois. Mais il y aura aussi plein de joies à collecter au quotidien, plein d’occasions d’être heureuse à saisir, plein d’opportunités de bonheur à créer soi-même.
Pour résumer : j’ai trouvé en moi les capacités pour construire mon propre bonheur. J’espère que tu as trouvé les tiennes !